Le cinquantième anniversaire de notre école a donné lieu, ce week-end des 20 et 21 mars 2009, à d’émouvantes retrouvailles.
Divers hommages ont été rendus à “Mademoiselle Jeanne”, la fondatrice de l’ICET (puis ICES).
Parmi ceux-ci figure un slam rédigé par des élèves de quatrième (services sociaux et scientifiques), dont voici le texte, lu avec énormément de talent et d’engagement par Hassiba Halabi, ancienne élève devenue comédienne et metteur en scène.
Slam pour Jeanne
Jeanne je voudrais te dire :
Que les cours sont parfois très lourds.
Que les contrôles c’est pas toujours drôle.
Que la classe a la classe.
Que les professeurs ont souvent du cœur.
Jeanne je voudrais te dire
Même si on pense que tout est foutu
Qu’on fait exprès d’être en retenue
Y a toujours un espoir
Toujours quelque chose à revoir
Toujours moyen de se relever
Et de remonter.
A la maison faut étudier
Sinon tout va s’embrouiller,
Parfois on aimerait qu’il n’y ait pas de professeurs
Ainsi les cours se termineraient à huit heures
Mais ça serait pas bon pour réussir
Pas bon pour notre avenir
Jeanne sur une photo d’assemblée
Tu ne te mets jamais en valeur
On n’a pas non plus besoin de te chercher
Tu étais la meilleure
Jeanne, je voudrais te dire que
Je me suis fait des amis, ils resteront en moi pour la vie
Même si les cours sont difficiles, je trouve qu’ils ne sont pas débiles
Quand j’aurai un avenir, j’aurai de cette école plein de souvenirs.
Jeanne, tu es prise en photo près de l’eau
avec une classe qui prend de la place
Grâce à toi, les enfants ont reçu un enseignement au lieu de travailler comme leurs parents
Jeanne, je voudrais te dire que c’est marre après beaucoup de boulot d’avoir un zéro.
Jeanne, alors que nos grands-parents travaillaient à la mine,
nous sur nos feuilles on est en train d’user nos mines
Car tu as demandé
Tu as convaincu
Le bourgmestre de t’aider
Pour cette idée qui t’est venue :
Une école, la bâtir
Juste ça pour tant d’avenir
Jeanne, tu étais avec tes élèves à la mer
Tu les surveillais comme une mère
Tes cheveux étaient bouclés
Comme un bouquet
Jeanne, pour nous tu as construit ton école pendant que nous on fait nos bricoles
Jeanne, tu es toujours sur le côté, mais tu n’essaies pas de te cacher
Tu as toujours une robe mais tu ne te dérobes pas
Jeanne je voudrais te dire que
L’école c’est des délires de rires de fous rires,
des devoirs qui n’ont parfois rien à voir,
un avenir où l’on va réussir et s’en sortir.
Jeanne tu te promènes dans la rue avec des petites filles.
Avec le soleil qui brille et leurs sourires aussi brillent.
Vous portez des robes et des chapeaux.
Des bas, des gants et des manteaux.
Vous marchez sur les pavés,
Tout près des quatre pavés,
La rue est tellement pauvre
Qu’on se sent pauvre.
Tu as voulu construire pour nous instruire,
Des ouvriers sont venus installer des grues.
Et l’école a poussé comme un arbre qui grandit.
Dans ton école on accepte tout le monde.
Jeanne tu avais l’air sévère, peut-être étais-tu parfois en colère ?
Jeanne tu avais le nez long, et les cheveux blonds.
Tu es morte il y a longtemps, tout ce temps.
Tu n’avais pas d’enfants.
Mais tu as apporté aux enfants la chance d’avoir une école
Et pour tout ça, Jeanne, nous on a envie
De te dire, simplement : « Merci »…